Lettre de Beyrouth
Jocelyne Saab, 1978, 50′
En français et arabe sous-titre français et anglais
En 1978, trois ans après le début de la guerre civile au Liban et alors que l’armée israélienne a envahi le sud, Jocelyne Saab revient dans son pays comme une “voyageuse qui a pris le bus en marche”. Sous la forme d’une lettre envoyée à ses ami·e·s de l’étranger, elle parcourt la ville avec sa caméra. Les rues, les cafés, les musées et les nombreux barrages qu’il faut traverser, font parfois ressurgir des souvenirs et des images gravées dans sa mémoire. La voix-off écrite par la poétesse Etel Adnan et dite par Jocelyne Saab saisit en quelques mots l’air du temps. Mais c’est à bord d’un bus devenu studio ambulant qu’elle capte l’état d’esprit des Beyrouthins, des réfugiés ou des soldats. Elle prend ensuite la direction du Sud-Liban, suivant celles et ceux qui ont fuit et reviennent. Dans “Lettre de Beyrouth”, Jocelyne Saab fait une véritable chronique de cette “terre de refuge, devenue une terre de réfugiés”.
Jocelyne Saab (1948-2019) est aujourd’hui considérée comme l’une des plus importantes cinéastes libanaises de son temps. Pour la toute première fois à Bruxelles et grâce au travail de l’Association Jocelyne Saab, le Nova a le plaisir de vous présenter une partie de son œuvre restaurée. Issue de la bourgeoisie chrétienne libanaise, Jocelyne Saab grandi dans l’ouest de Beyrouth puis part étudier en France. Âgée d’une vingtaine d’années, elle devient reporter de guerre et couvre, pour la télévision française, les conflits qui ravagent son pays à partir de 1975. Engagée dans les luttes pour la justice et la liberté des peuples, elle évolue progressivement du reportage vers une œuvre plus poétique en contrepoint des couvertures médiatiques occidentales. C’est aux côtés des hommes et des femmes palestinien·ne·s, des civils du Sud-Liban, des enfants de la guerre puis plus tard des Iranien·e·s, des Egyptien·ne·s ou des Sahraoui·e·s qu’elle fabrique une œuvre de première importance pour l’histoire. À l’heure où nous écrivons ces lignes, les films de Jocelyne Saab résonnent très fortement avec l’actualité et questionnent la possibilité de faire renaître un espoir parmi les ruines. Etel Adnan, poétesse et peintre libanaise, disait d’elle que “peu de gens ont autant souffert pour demeurer dignes d’eux-mêmes, pour survivre d’une façon qui ait un sens, dans un monde si hostile ou si indifférent que celui qui est le nôtre”.
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