L’Iran, l’Utopie en Marche
Jocelyne Saab, 1981, 60′
VO arabe sous-titres français et anglais
Quand Jocelyne Saab part tourner en Iran, elle veut comprendre ce qui se trame dans cette région du monde, dans l’idée que son pays, le Liban, doit se préparer à en subir les répercussions. Dans ce film, la machine analytique Saab est à l’œuvre, avec cet oeil si juste qui lui est propre, Jocelyne est partout, dans les universités, le temple séculaire des Mollah, avec les milices à l’entrainement, chez les minorités kurdes, dans les bidonvilles des laisser pour comptes, elle filme les conseils ouvriers autogérés, les intellectuels progressistes… elle interroge les contradictions, observe ce peuple en quête de liberté, après des années de dictature. Ce qu’elle nous donne à voir de l’Iran révolutionnaire des années 80 brise les clichés de l’intégrisme Chiite et transforme notre regard sur cette société. “Je suis arrivée à la fin de l’époque révolutionnaire et puis tout s’est effondré. J’ai encore joué là-bas l’impressionnisme, laissé aller ma sensibilité.” Cette précieuse sensibilité nous aide à comprendre le monde perse et sa position actuelle dans l’échiquier mondial.
Jocelyne Saab (1948-2019) est aujourd’hui considérée comme l’une des plus importantes cinéastes libanaises de son temps. Pour la toute première fois à Bruxelles et grâce au travail de l’Association Jocelyne Saab, le Nova a le plaisir de vous présenter une partie de son œuvre restaurée. Issue de la bourgeoisie chrétienne libanaise, Jocelyne Saab grandi dans l’ouest de Beyrouth puis part étudier en France. Âgée d’une vingtaine d’années, elle devient reporter de guerre et couvre, pour la télévision française, les conflits qui ravagent son pays à partir de 1975. Engagée dans les luttes pour la justice et la liberté des peuples, elle évolue progressivement du reportage vers une œuvre plus poétique en contrepoint des couvertures médiatiques occidentales. C’est aux côtés des hommes et des femmes palestinien·ne·s, des civils du Sud-Liban, des enfants de la guerre puis plus tard des Iranien·e·s, des Egyptien·ne·s ou des Sahraoui·e·s qu’elle fabrique une œuvre de première importance pour l’histoire. À l’heure où nous écrivons ces lignes, les films de Jocelyne Saab résonnent très fortement avec l’actualité et questionnent la possibilité de faire renaître un espoir parmi les ruines. Etel Adnan, poétesse et peintre libanaise, disait d’elle que “peu de gens ont autant souffert pour demeurer dignes d’eux-mêmes, pour survivre d’une façon qui ait un sens, dans un monde si hostile ou si indifférent que celui qui est le nôtre”.
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